Mercier, La Mennais, Balzac : trois dialogues sur l’évidence cartésienne
Résumé
En étudiant dans le détail trois textes consacrés à l’une des références philosophiques majeures sur l’évidence, René Descartes, il s’agira d’émettre l’hypothèse que la façon dont ces textes infléchissent ou déstabilisent cette philosophie dit quelque chose des mutations plus générales qui sont à l’œuvre dans cette période 1760-1830. Ce que semblent indiquer ces trois textes – le Discours sur René Descartes (1796) de Louis-Sébastien Mercier, la Défense de l’essai sur l’indifférence en matière de religion (1821) de Félicité de La Mennais et L’Illustre Gaudissart (1833) d’Honoré de Balzac – c’est que l’évidence a vu sa signification subjective changer durant un long tournant des Lumières : vécue comme un signe de la vérité durant l’âge classique, déplacée du côté de la sensibilité au XVIIIe siècle, elle semble peu à peu devenir, à la fin du siècle, la marque d’une authenticité intime, le fil rouge qu’un individu doit suivre pour découvrir sa personnalité profonde.